L’Université des Métiers du Nucléaire présente son plan d’actions compétences pour la filière nucléaire française

L’Université des métiers du nucléaire a proposé un plan d’actions pour sécuriser les quelques 100 000 recrutements que la filière devra opérer dans les dix prochaines années. Des leviers d’actions concrets ont été présentés, à l’occasion de la remise du rapport à Mme Agnès Pannier Runacher, ministre de la Transition énergétique, Mme Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche et Mme Carole Grandjean, ministre de l’Enseignement et de la formation professionnels
 

Le plan d’actions « compétences » de la filière nucléaire : une démarche fédératrice impliquant les industriels de la filière et les acteurs de la formation

Le plan d’actions compétences de la filière nucléaire s’inscrit dans le prolongement du rapport Match du GIFEN.  Il définit les actions concrètes à mener pour sécuriser les quelques 100 000 recrutements que la filière devra opérer dans les dix prochaines années.

Il est le fruit du travail mené par l’Université des Métiers du Nucléaire (UMN) avec les acteurs de la filière, et en premier lieu par les membres fondateurs de l’UMN : CSFN, GIFEN, Nuclear Valley, les 5 grands donneurs d’ordre de la filière que sont EDF, le CEA, ORANO, Framatome et l’ANDRA, mais aussi l’UIMM, l’UFE, France Industrie et Pôle Emploi. Ont été également associés à ces travaux les acteurs de la formation initiale et professionnelle continue, ainsi qu’un grand nombre d’entreprises de la filière nucléaire, avec quarante entretiens menés au cours de ces derniers mois.

Ce plan d’actions est concret, opérationnel :  il s’inspire des initiatives menées au plus près du terrain, grâce à la démarche nationale et locale menée par l’UMN depuis sa création en 2021. L’UMN s’appuie, pour adapter l’offre de formation, sur les Campus des Métiers et des Qualifications des régions. Cette approche permet de travailler avec l’ensemble des acteurs de la formation (éducation nationale, enseignement supérieur, organismes de formation continue), de l’emploi et les industriels des territoires pour adapter les actions au contexte local.
 

Soutenir les besoins des industriels

Le plan d’actions s’appuie sur l’étude Match du GIFEN. Parmi les 84 métiers « cœur » de la filière nucléaire étudiés, 20 métiers sont identifiés comme sensibles, allant des métiers opérationnels (chaudronnier, soudeur, technicien radioprotection, conducteur de travaux, dessinateur-projeteur, …) aux métiers d’ingénierie (chefs de projets, ingénieur d’études conception électricité, mécanique, …).

Le plan d’actions contient pour chacun d’entre eux, une analyse de l’adéquation entre les besoins en compétences et l’offre de formation correspondante.

Les analyses menées montrent que la création de nouvelles formations ne peut être la seule réponse aux besoins de la filière. Elle doit nécessairement être accompagnée de mesures pour renforcer l’attractivité et élargir les viviers de recrutement, l’enjeu majeur étant de remplir les formations.
 

Sept leviers pour disposer des bonnes compétences, au bon endroit et au bon moment

Le plan d’actions est structuré en 7 leviers et 30 mesures associées, dont une dizaine sera effective dès septembre 2023.

Levier 1 - Renforcer l’attractivité de la filière nucléaire

OBJECTIF : rendre visible l’offre de formation du nucléaire et faire évoluer durablement l’image des métiers de la filière nucléaire.

EXEMPLES/PISTES :  

• Développer le site internet monavenirdanslenucleaire.fr, qui recense les formations qui mènent aux métiers de la filière nucléaire dans toute la France et les 4500 offres d’emplois de la filière.
• Fédérer les acteurs de la filière autour d’événements phares pour renforcer l’impact des actions de communication. La semaine des métiers du nucléaire organisée pour la première fois en 2023 sera renouvelée en 2024. Elle a mobilisé 400 entreprises de la filière, et plus de 8000 demandeurs d’emploi ont participé aux 270 événements organisés dans toute la France.
   

Levier 2 - Élargir le sourcing et favoriser les reconversions

OBJECTIF : augmenter les viviers de ressources aujourd’hui peu représentées dans la filière nucléaire comme les femmes, les seniors, les personnes issues des quartiers prioritaires de la ville, des zones rurales et les étudiants étrangers.

EXEMPLES/PISTES :

• Nouer des partenariats ciblés avec les associations, comme les réseaux Elles bougent, WiN France pour féminiser la filière.
• Déployer des actions concrètes pour favoriser l’inclusion : classes passerelles, méthodes de recrutement par le sport, méthodes de recrutement par simulation.
• Massifier les actions permettant de favoriser les reconversions en lien avec Pôle Emploi.
   

Levier 3 - Favoriser l’orientation vers les formations techniques

OBJECTIF : favoriser l’orientation des élèves vers les cursus scientifiques et techniques

EXEMPLES/PISTES :

• Intervenir dans les classes de 5ème, détacher des salariés pour enseigner ou faire partie des bureaux des entreprises, en lien avec les mesures annoncées dans le cadre de la réforme des lycées professionnels, ou encore industrialiser l’accueil des stagiaires de 3ème au sein des entreprises de la filière nucléaire.
• Pérenniser et élargir le dispositif de bourses d’étude pour les élèves en BAC PRO et BTS menant vers les métiers en tension. 250 élèves en ont bénéficié en 2022 et 2023.
• Former les prescripteurs que sont les professeurs aux métiers et enjeux de la filière nucléaire.
   

Levier 4 – Adapter l’offre de formation initiale

OBJECTIF : adapter l’offre de formations pour former au bon endroit au bon moment.

EXEMPLES/PISTES :

• Faire évoluer la cartographie des formations à la maille régionale, en lien avec les campus des métiers et des qualifications, membres adhérents de l’Université des Métiers du Nucléaire. En 2022/2023, plus de 60 formations ont été créées sur nos métiers en tension.
• Adapter les formations généralistes en y intégrant des modules d’enseignement nucléaire. Ce dispositif, nommé « passeport nucléaire », vise deux objectifs. Le premier est d’acculturer les élèves au nucléaire et leur donner envie de rejoindre la filière, le second est d’adapter les enseignements aux besoins des industriels. Le « passeport nucléaire » sera déployé dès septembre 2023 dans 30 établissements, sur une dizaine de diplômes du bac pro au bac +2/+3. Une démarche similaire est cours pour les BAC+5.
   

Levier 5 - Favoriser l’alternance

OBJECTIF : s’appuyer sur l’apprentissage pour insérer des jeunes dans le monde professionnel et les former rapidement aux métiers et aux spécificités de la filière nucléaire.

EXEMPLES/PISTES :

• Lever les freins à l’alternance en proposant de financer les frais de transport et d’hébergement des étudiants, et ce, en complément des actions lancées dans le cadre de l’EDEC de la filière nucléaire (parcours d’apprentissage partagés, vivier d’alternants de la filière nucléaire…)
   

Levier 6 - Fédérer les moyens de formation de la filière

OBJECTIF : fédérer les moyens de formation (chantiers école, formateurs, modules digitaux de formation…) de la filière

EXEMPLES/PISTES :

• Effectuer le suivi du déploiement des lauréats de l’appel à projet « renforcement des compétences nucléaires » et organiser leur duplication
• Recenser les moyens de formation existants et les fédérer au sein de la filière nucléaire.
• Développer des formations à la pointe des technologies numériques pour renforcer leur attractivité.
   

Levier 7 – Faciliter l’intégration des nouvelles recrues et développer le compagnonnage

OBJECTIF : définir et mettre en place l’organisation filière pour soutenir l’effort de professionnalisation des nouvelles recrues par le compagnonnage (projet piloté par le Gifen)

EXEMPLES/PISTES :

• Recenser les bonnes pratiques existantes dans les entreprises et une diffusion de ces pratiques au sein de la filière
   

Toute la filière nucléaire et l’ensemble des pouvoirs publics sont mobilisés à la hauteur des enjeux industriels et humains. Il est nécessaire de coordonner, favoriser les synergies, de continuer à développer les dispositifs et renforcer la gouvernance de l’ensemble du plan d’actions. Afin de répondre à cette ambition, l’UMN renforcera son organisation en 2023 pour travailler de façon toujours plus étroite avec les pouvoirs publics, les entreprises et associations à la sécurisation des compétences de la filière nucléaire.

Le plan d’actions sera mis à jour une fois par an pour prendre en compte les résultats actualisés annuellement du programme Match et les impacts des actions réalisées.